The Wrestler – Critique

Mai 1, 2009

Drame
Sortie en salle le 18 février 2009

The Wrestler est une métaphore de la vie de Mickey Rourke, l’ex futur dandy d’Hollywood. Rongé prématurément par les excès, Mickey Rourke endosse parfaitement le rôle de Randy « The Ram », catcheur « has been » écumant les combats miteux de salles des fêtes pour payer le loyer de son mobil home.

Dans un décor réaliste de caravane, de bar à strip-tease ou de supermarché, Darren Aronofsky délaisse son style ultrasophistiqué de Requiem for a dream. Caméra à l’épaule, Il nous décrit en mode documentaire l’histoire banale de ce catcheur déchu prêt à tout pour obéir aux servitudes du sport spectacle. Touché au cœur par une crise cardiaque, contraint de raccrocher, Randy échoue à trouver un refuge moral auprès de sa fille et de la strip-teaseuse dont il est tombé amoureux.

Même s’il frôle l’indécence, on peut louer la volonté artistique d’Aronofsky d’offrir une séance d’introspection et de rédemption à son acteur. On note également l’humanité et la sincérité de Mickey Rourke, même si l’on distingue peu les nuances de son jeu, masquées par son visage de cire abimé par la chirurgie. Sans surprise, l’histoire de la star déchue est déroulée de façon littérale. Il n’y a donc rien à deviner, la chute en est l’exemple le plus frappant. L’intérêt du film ne vaut que par la présence de Mickey Rourke qui joue ici son propre rôle avec une grande simplicité.

La transposition à l’écran de la biographie de Mickey Rourke, rongé par l’alcool, la drogue, les années, la chirurgie, valait-elle une fiction ? Dévêtu de ce costume sur mesure, on attend le prochain film de Mickey Rourke qui nous dira si l’acteur a définitivement vaincu ses démons pour nous donner enfin, le meilleur de lui-même.

Pab

Un film de Darren Aronofsky, avec Mickey Rourke, Marisa Tomei et Evan Rachel Wood. Durée : 1h45

Slumdog Millionaire – Critique

Mai 1, 2009

A priori, le pitch n’est pas très clair : comment opérer l’association du jeu Qui veut gagner des millions à l’histoire d’un jeune indien issu des bidonvilles de Bombay ? C’est tout le génie du scénario de cette fable sociale et moderne, qui entremêle savamment les questions posées sur le plateau du jeu télévisé et les flash-back qui génèrent les réponses exactes du jeune Jamal (incarné par Dev Patel, alias Anwar dans la série Skins), toutes liées à un épisode de sa vie. 

Boyle fait de l’existence de Jamal le point convergent des inégalités de la société indienne : les affrontements religieux entre hindous et musulmans à l’exploitation du business des enfants mendiants, en passant par l’engrenage des milieux criminels et le questionnement sur la place de la femme, le tout dans un contexte omniprésent de lutte des classes. 

Pas de quoi se réjouir ? Pourtant, pas d’apitoiement en vue, notamment grâce à une émouvante histoire d’amour en filligrane. Du Bollywood remixé à l’américaine par la réalisation de Danny Boyle, nerveuse et dynamique, emportée par une bande-son particulièrement réussie…

Pierre Biasutti 

Slumdog Millionaire de Danny Boyle

Avec Dev Patel, Anil Kapoor, Irrfan Khan, Madhur Mittal, Freida Pinto…
GB/Inde – 2008 – 2h – couleur

OSS 117, Rio ne répond plus – critique

Mai 1, 2009

Sortie le 15 Avril 2009

Comédie

Jean Dujardin n’est pas Jean-Paul Belmondo ! Si le film au charme suranné de Michel Hazanivicus est truffé de clins d’oeil, le charisme viril de l’homme de Rio s’oppose à la truculente mufflerie de l’agent OSS 117. 

Trois ans après le succès du premier opus « Le Caire, Nid d’espions », le spectateur retrouve ses repères dans « Rio ne répond plus ». La rigidité des années 50 laisse place à l’époque débridée des hippies et des yéyés.

Si les décors naturels d’amazonie, les costumes et la mise en scène témoignent d’un estéthisme minutieux, l’intrigue reste simplissime. Le monde se transforme autour de l’agent le plus célèbre de France quand OSS 117, protégé par la baraka de l’innocent du village, se confine dans une délicieuse incurie. Rires gras, plaisanteries potaches à souhait, expérience sexuelle déviante, l’agent secret ne se départit pas pour autant d’un sens aigu et rétrograde des valeurs humaines. OSS117 est au sommet de son art quand il essaie de réconcilier Juifs et Nazis façon « on fait la paix » dans une cours de récré.

Jean Dujardin frôle la perfection dans cet art de l’humour décalé stupide mais bienséant. Le film comporte quelques longueurs vite abrégées par un agent secret aux aguets. Même si l’humour du film est parfois graveleux, le comique de situation comme avec les catcheurs mexicains, et de répétition avec les triades chinoises, remportent tous les suffrages. Tant attendu, OSS117 est une franche réussite qui atteste de la bonne santé des comédies « made in France ». Il serait préjudiciable de se priver d’un tel moment de détente par les temps qui courent. Voici un James Bond bien de chez nous ! Vivement le prochain épisode ! 

Pierre-Alexandre Biasutti 

Un film de Michel Hazanivicus avec Jean Dujardin, Louis Monot, Alex Lutz

Le Club de Gym, un nouvel espace vert (03-2009)

mars 31, 2009

 

Certains clubs américains transforment l’effort des sportifs en énergie propre

 

Nadine, 46 ans, cliente du club Filleness  à Neuilly, soupire : « qu’est ce que je dépense comme énergie sur ces instruments de torture ». Instruments qui pourraient se muer en formidables générateurs d’énergie. En 2008, 1.5 million de français et 21 millions d’américains ont fréquenté les clubs de gym à raison respectivement, de deux et quatre heures par semaine. Scientifiques et hommes d’affaires se sont interrogés sur la façon de transformer ces millions de Watt en énergie propre.

« L’auto alimentation des machines existent déjà depuis 10 ans en France. A cette époque, le principe répondait à deux objectifs : l’un économique afin de diminuer la consommation d’énergie, l’autre de praticité car l’installation des instruments ne demande plus de câblage » précise Philippe, gérant du club de gym Filleness. Selon la chaîne anglaise BBC, les clubs de gym outre atlantique vont plus loin et travaillent à la récupération de l’énergie dépensée par leurs habitués. « C’est le principe de la dynamo du vélo qui transforme la force de propulsion du cycliste en énergie» se gargarise Adam Bossel, patron des clubs « Green Microgym » à Portland, Oregon aux Etats-Unis. 

   

Adam a connecté ses machines à des éoliennes et des panneaux solaires de façon à récupérer l’énergie produite. Quatre personnes qui pédalent de façon continue produisent une quantité d’électricité suffisante à alimenter des écrans télé et la chaîne hi-fi. De plus, Adam bénéficie d’une réduction d’impôt sur le coût de son installation.

 

Les clubs de gym français veulent sortir du rouge avant de penser au vert

 

« Las du système français qui lui réclamait de l’argent avant que ses inventions ne soient rentables », Lucien Gambarotta, physicien français a délocalisé son entreprise d’énergie propre en Chine. En vingt ans ce ne sont pas moins de cent inventions qui ont vu le jour, dont le « powerbyou », où comment recueillir l’énergie des clubs de gym. Un simple montage mécanique permet de la récupérer. « Personne n’est intéressé en France, alors que j’ai vendu mon système dans toute l’Asie et aux Etats-Unis » déplore Lucien de passage à Paris.

Depuis le début de la crise fin 2008, le nombre d’abonnés à diminuer dans les salles de gym comme le déplore Aline, gérante du Club de Gym de Levallois : « Certains clubs de quartier mettent la clé sous la porte et la salle de sport devient une dépense superflue. Equiper la salle de matériel coûteux pour récupérer un peu d’énergie, ce n’est pas notre priorité. Même si c’est tendance, cela ne doublerait pas le nombre de client ».

Dommage, les français ne profiteront pas du programme « Burn and Earn » d’Adam : pour une heure d’électricité produite, les sportifs gagnent un dollar à dépenser dans un « fast food », ça valait bien une séance de Gym.

 

PAB

Les syndicats ne s’accordent pas sur l’après 19 mars (03-2009)

mars 31, 2009

A l’issue de leur réunion de ce matin à Paris, les syndicats n’ont pas présenté de plan d’actions concret pour prolonger la mobilisation sociale  

Coincés entre l’ampleur du mouvement social et l’intransigeance du gouvernement et du Medef, les syndicats n’ont pas réussi à s’entendre sur des objectifs concrets pour prolonger la mobilisation du 29 janvier et du 19 mars. Ce matin, les délégués CFDT, CFTC, CFE-CGC, FO, FSU, SOLIDAIRES et UNSA se sont fait attendre dans la salle de presse  de L’union syndicale SOLIDAIRES. De son côté,  le Premier ministre François Fillon n’a pas attendu, la manifestation à peine terminée, pour anéantir tout espoir quant à leurs revendications. Invité du journal télévisé de TF1 hier soir, il a campé sur ses positions et refuse de négocier. Les leaders syndicaux, Bernard Thibault pour la CGT, François Chérèque pour la CFDT et Jean-Claude Mailly pour FO, ont séché la conférence de presse et envoyé leurs lieutenants. Aveu d’impuissance ou calcul maîtrisé ?

Le temps de la reflexion

Par la voix d’Annick Coupé, de l’union syndicale Solidaires, les syndicats ont affiché « leur union historique sur les principales revendications ». La porte parole a souligné « l’ampleur incontestable du mouvement qui a gagné le secteur privé ». Elle a rappelé les principales revendications « sur la relance économique par le pouvoir d’achat, les garanties collectives, la protection du service public et la réglementation de la sphère financière ».  A l’unisson, les représentants syndicaux ont fustigé « l’entêtement du gouvernement et du Medef » à faire « la sourde oreille aux revendications sociales ».

Face à cette intransigeance, l’intersyndicale « demande au gouvernement d’ouvrir sans tarder des négociations ». Elle se propose « de se réunir le 30 mars et de rechercher les modalités les plus adaptées pour donner encore plus d’efficacité aux prochaines mobilisations ». Maryse Dumas de la CGT affirme que « la balle est dans le camp du patronat » et que « des actions seront envisagées le 30 mars pour fissurer le mur du gouvernement ». La CFE-CGC parle de « volonté intacte ». FO déplore « l’autisme du gouvernement face aux 3000 nouveaux chômeurs par jour ». L’UNSA ajoute que « par l’ampleur de la mobilisation, la responsabilité de l’intersyndicale est accrue et qu’elle entretiendra le rapport de force pour défendre les salariés, y compris ceux des entreprises sans syndicat ». Gabrielle Simon de la CFTC résume : « Nous allons prendre le temps de la réflexion pour construire le mouvement de façon adéquate et aboutir dans nos revendications ».  

Une feuille de route en pointillé 

Difficile d’en savoir plus sur la forme que prendra le prolongement de cette mobilisation. Aucun objectif concret, aucune date précise n’ont été fixés, à part l’éternel 1er Mai. Seul Marcel Grignard, de la CFDT, lève un peu le voile : « Ce sont les salariés qui paient la crise(…) le gouvernement est responsable de l’aggravation des inégalités, il doit apporter des bouts de réponse aux victimes(…) l’action doit se porter là où prennent les racines du problèmes pour les salariés ». Traduction : localement dans les entreprises. L’absence de feuille de route claire laisse du répit au gouvernement pour réagir et plonge les salariés dans le doute quant à la capacité des syndicats à obtenir des avancées significatives sur leurs revendications. Si comme le laisse entendre la CFDT, la mobilisation se régionalise et choisit des cibles précises par secteur ou par entreprise, les débordements comme ceux de Clairvoix risquent de se répéter dangereusement pour la crédibilité du combat social. Les syndicats vont devoir rapidement reprendre les commandes du train social, sous peine de le voir dérailler sous la pression du mécontentement vis à vis du gouvernement, du MEDEF mais aussi des syndicats.

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3 questions à Christian Mahieux , secrétaire général du syndicat SUD, leader du mouvement social de la gare Saint-Lazare en janvier, suite à l’agression d’un conducteur dans le RER A.

Pensez vous que le conflit risque de se radicaliser avec des coups de force isolés si les syndicats ne rassurent pas plus les salariés quant à leur capacité à faire aboutir les revendications?

CM : C’est la situation sociale qui se radicalise avec les plans sociaux, quand il y en a. La radicalisation, c’est l’expression du désarroi des salariés. Chaque action appropriée doit être décidée de façon collective, surtout pas isolé. Si la question est de savoir si la violence est une réponse au problème posé, nous restons vigilants. Nous ne revendiquons pas la violence comme moyen d’action. Mais on peut se poser la question de savoir où est la vraie violence entre jeter des salariés à la rue et ruiner leur vie, et jeter des œufs en guise de protestation.

Que faut-il craindre ?

CM : Les choses pourraient prendre une nouvelle tournure. Encore une fois il n’est pas question de violence ou de radicalisation du mouvement. Mais s’il faut soutenir les salariés de façon locale et occuper des usines pour pouvoir relancer une production et redonner du travail aux salariés, on le fera, de façon concertée et collective.  Nous n’en sommes pas encore là.

Suite aux déclarations de Mr Chérèque, secrétaire général de la CFDT qui déclarait que le NPA se comportait en « vautour » voulant récupérer politiquement la mobilisation et la crise. Quelle est la position d’Olivier Besancenot et du NPA dans le combat social selon vous ?

CM : Le Mouvement syndical et social est autonome. Il repose uniquement sur la défense du salarié par des salariés.  Le NPA repose sur l’action de militant et bénéficie de la liberté d’expression pour promouvoir des idées politiques. Nos moyens et nos missions sont complètement différentes.
 

 

 

 

 

Statut auto-entrepreneur : une arme anticrise à manipuler avec précaution (02-2009)

mars 11, 2009

Hervé Novelli, secrétaire d’Etat aux Petites et Moyennes Entreprises, présentait début février dans une vidéo disponible sur le site www.auto-entrepreneur.com,  le premier bilan d’étape du statut d’auto-entrepreneur entré en vigueur le 1er janvier 2009. A ce jour, 80000 personnes ont adopté ce régime. L’auto-entrepreneuriat permet à toute personne de créer en quelques clics une entreprise individuelle dans le secteur commercial, artisanal ou libéral. Ses principaux atouts ? Des démarches administratives simplifiées, des obligations comptables allégées et une exonération totale de TVA. Seuls impératifs, le chiffre d’affaires ne doit pas dépasser 80 000 €  pour une activité commerciale et 32 000 € pour des prestations de service. La règle fiscale n’inflige des charges qu’à hauteur de 13% du chiffre d’affaires pour le commercial et 21% pour les services. En l’absence d’activité, rien n’est du.

Un statut très souple et accessible à tous


L’originalité vient du fait que ce statut peut se cumuler. Il est proposé aux étudiants, salariés, fonctionnaires, demandeurs d’emploi et retraités. Yvan, vendeur en boutique, est passionné par la revente de jeux vidéo sur Internet.  Il a choisi le statut d’auto-entrepreneur parce qu’il n’y a aucun risque financier. « Pas de chiffres, pas de charges. Quand vous avez une société, si vous fermez l’été, vous payez des charges, alors que je peux partir en vacances tranquille sans rien devoir à l’état ». Yvan cumule donc ses deux statuts en toute légalité et conserve ses vacances tout en percevant un complément de revenu. Arrondir les fins de mois, c’est ce que cherchait Pierre, retraité devenu consultant en génie climatique. « Je ne voulais pas monter une entreprise individuelle, trop compliqué et risqué pour mes vieux jours. Avec ce statut simplifié, je complète ma retraite, ce qui va me permettre de conserver mon train de vie d’enfant gâté » se réjouit-t-il.

Les effets secondaires du statut d’auto-entrepreneur

Trois mois après son entrée en vigueur, le statut d’auto-entrepreneur suscite toutefois des polémiques sur ses éventuels effets pervers. « Je paie 45% de charge, l’auto-entrepreneur en paie 21%, c’est de la concurrence déloyale. De plus, mes trois employés vont pouvoir, sur leur temps libre, me faire concurrence en proposant leur service sous ce statut » s’indigne José, artisan carreleur à son compte. Sur le plan social, Philippe Askenazy, professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine, dénonce l’intérêt que pourrait avoir des employeurs à externaliser la main d’œuvre. « Les patrons vont suggérer à leurs salariés de devenir auto-entrepreneur, ils leurs règleront simplement une facture. Cela allègera les charges de l’entreprise mais l’emploi va se précariser et le niveau de cotisations sociales des entreprises va baisser». Arnaud, avocat fiscaliste, lui se frotte les mains. « Je n’en avais pas vraiment besoin vu mon salaire, mais je ne vais pas me priver de donner quelques conseils fiscaux en plus, facturés jusqu’à 32000 € grâce à ce statut ». Il est logique de s’interroger sur le manque à gagner des consultants experts dont l’entreprise dépend totalement de la délivrance de tels conseils. Enfin, les risques inhérents à l’activité pour le client comme pour l’auto-entrepreneur ne sont pas clairement identifiés, notamment en termes de responsabilité. Rakken, créateur de site de vente en ligne, s’interroge sur un forum : « Si quelqu’un pirate mon code et passe des fausses commandes ? ». Mat lui répond : « Si ta responsabilité civile est engagée, tu peux y laisser ta chemise car tu es responsable des actes de la société». Il faudra encore quelques mois d’exercice pour tirer des conclusions et savoir si cette arme anti-crise n’est pas un boomerang incontrôlable.

PAB

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Interview : Aurélien Sallé, Conseiller auprès d’Hervé Novelli, secrétaire d’état chargé des petites et moyennes entreprises. Aurélien Sallé est en charge du dossier de l’auto-entrepreneur

« Le statut d’auto-entrepreneur est une révolution sociétale qui aura un impact sur la croissance » 

Combien compte-t-on d’auto-entrepreneurs à ce jour ?

• Aurélien Sallé : Les chiffres dépassent des objectifs déjà ambitieux. L’objectif de 100000 au premier semestre 2009 sera dépassé fin mars. L’objectif de 200000 à fin 2009 va être doublé à 400000, preuve que le régime s’installe dans la société française.

Comment expliquer vous ce succès ?

Ce statut correspond à une inspiration profonde de la société moderne. 327000 entreprise ont été créées en 2008 en France, du jamais vu. 87% sont des entreprises individuelles. Le statut d’auto-entrepreneur va changer la société en profondeur en donnant un coup d’accélérateur à une lame de fond existante. Nous passons d’une société post-industrielle à une société de service. Ceux qui  le veulent peuvent désormais faire fructifier leur talent et sortir du modèle figé : patron ou salarié. C’est une révolution sociétale profonde !

Ce que vous appeler « arme anticrise », n’est-ce pas un moyen de compenser la perte de pouvoir d’achat et de coller au dicton « travailler plus pour gagner plus » ?

C’est sa version entrepreneuriale, mais c’est un raccourci. Ce statut répond à d’autres souhaits comme celui de pouvoir tester une idée sans risque avant de se lancer ou de permettre à des chômeurs de se réinsérer. Nous allons d’ailleurs abaisser les taux de charge à 10% pour les chômeurs. Nous donnons des libertés supplémentaires pour créer de la valeur. Si l’état peut combattre la crise par la relance, nous pensons que la prise en main personnelle est une autre façon de s’en sortir. Comme le montre les premières statistiques, l’auto-entrepreneuriat séduit d’abord les bas salaires et les jeunes de banlieue victime de discrimination. Ils peuvent enfin faire fructifier une idée ou un talent, sans contacts, ni argent et en ayant désormais des droits et des supports.

Que répondez vous à ceux, notamment les artisans, qui se plaignent des charges trop faibles du statut et crient à la concurrence déloyale de personne non qualifiée ?

C’est la différence entre deux visions, celle des 35h et la notre, celle d’un partage de l’activité appréhendée comme un gâteau alors que nous pensons que l’activité ne demande qu’à augmenter. Il faut savoir que seulement 8% des auto-entrepreneurs sont déclarés comme artisans. Les mêmes artisans qui se plaignent, refusent souvent des chantiers trop petits, comme le remplacement d’une baignoire par exemple, ou proposent des devis inabordables. Ce statut permet seulement le blanchiment d’une activité qui se faisait déjà au noir. Les artisans ne pourront plus se plaindre de concurrence déloyale puisque les travailleurs clandestins d’hier seront déclarés pour accomplir des tâches qu’ils refusent de faire de toute façon. Sur l’aspect de la qualification, nous transmettons les fichiers des artisans déclarés à la chambre des métiers et chaque artisan auto-entrepreneur doit justifier d’un diplôme minimum pour travailler, c’est la loi.

On parle peu des risques pour les clients et des responsabilités de l’auto-entrepreneur en cas de litige ?

Ce régime n’est pas un statut exonérant des responsabilités légales vis-à-vis du droit français, on ne règle pas tous les problèmes avec un régime. L’assurance est un vrai débat. Nous travaillons sur une assurance standard destinée aux auto-entrepreneurs. Elle sera disponible et obligatoire dès septembre. Nous allons améliorer le statut au fur et à mesure.

Les entreprises auraient tendance à demander à leurs employés de devenir entrepreneur pour les payer en facture et moins cotiser aux budgets sociaux. Ainsi, certains économistes reprochent au statut d’oeuvrer à la précarisation du travail et de contribuer a vidé les caisses sociales ?

C’est un fantasme. On fait confiance au chef d’entreprise ! Quand va-t-on sortir du carcan archaïque patron voyou / salarié exploité ? il faut faire valoir ses droits et on sait plus que partout ailleurs en France qu’il est difficile de contraindre les salariés. Soyons sérieux, les chefs d’entreprise n’ont rien a y gagner et les salariés ne se laisseront pas faire. Si c’est du volontariat, c’est différent…il ne faut pas se méprendre, ce statut, on l’a créé contre personne mais pour tout le monde…

Propos recueillis par P.A.B

Culture Foot Solidaire contre les dérives esclavagistes du Football (03 -2009)

février 19, 2009

Attirés par l’argent facile, de jeunes africains traversent la Méditerranée et se retrouvent livrés à eux-mêmes 

Issa, 17 ans, passe des jours difficiles depuis qu’un agent peu scrupuleux est allé le chercher dans son Cameroun natal en 2001 : « Si je n’avais écouté que moi, j’aurais commis l’irréparable » soupire l’adolescent. Sans papiers, sans famille, il se démène dans la banlieue parisienne. Par « peur du regard des autres », il n’a pas parlé de sa situation ni aux professeurs de son lycée, ni aux dirigeants de son club, où il joue en division régionale. Depuis 2000, Jean-Claude Mbvoumin, président de l’association Culture Foot Solidaire et ancien international camerounais de Football, défend les droits de jeunes africains victimes de ce qu’il décrit comme une traite moderne d’êtres humains. « L’association accompagne l’intégration des jeunes en Europe et informe éducateurs, familles et dirigeants en favorisant la coopération Nord-Sud » déclare-t-il. A l’initiative de CFS,  la seconde conférence internationale du jeune joueur africain a eu lieu à Yaoundé en octobre 2008. Elle a jeté les bases d’une charte européenne de respect des droits du jeune footballeur. Des marques comme Danone et des notables du Football comme Aimé Jacquet, ancien coach de l’équipe de France championne du monde en 1998, soutiennent la cause. Malgré cette solidarité, le fléau perdure. Plus de mille cas sont aujourd’hui gérés par CFS en France.

 

Des marchands de rêves à la clandestinité

 

Suite à l’arrêt Bosman de 1995,  le marché des transferts de joueurs s’est libéralisé. Le nombre de joueurs étrangers pouvant figurer sur la feuille de match est illimité. Rémy N’Gono, journaliste camerounais réfugié et spécialiste du football africain sur Europe 1 s’indigne : « Cet arrêt a éveillé la cupidité d’intermédiaires reconvertis en agents et chargés d’établir le lien entre joueur et club acheteur. Ces agents chassent dans les régions défavorisées comme l’Afrique qui regorgent de talents bon marché, dociles et prêts à tous les sacrifices. Les agents utilisent de faux contrats en guise d’appât ». Les « passeurs »  obtiennent des visas provisoires de touriste ou d’étudiant auprès de services africains complices. « Un jour, un agent portugais est venu nous voir. Il m’a dit que j’étais bon et m’a demandé si j’étais partant pour une expérience européenne. Il m’a assuré que c’était sérieux. Mes parents ont pris une « tontine » (NDLR : emprunt local) pour me payer mon billet d’avion. Je suis arrivé à Paris, puis je me suis blessé. Un jour l’agent m’a laissé devant le stade de France en me disant que quelqu’un du PSG allait venir me chercher pour un essai. Personne n’est jamais venu » témoigne Issa. « Plutôt que d’affronter la honte du retour au pays, le joueur préfèrera une vie d’errance. Il sera en quête de petits boulots pour compléter les subsides versés par des clubs amateurs dans lesquels ils échouent » observe Rémy.

 

Un cadre légal inopérant et une responsabilité diffuse

 

 Il existe des règles européennes couvrant les jeunes travailleurs immigrés : âge minimum de 18 ans, rémunération minimale et délivrance d’un permis de travail. Alain, membre du Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme constate : « il n’y a aucun contrôle quant au respect de ces règles aux ministères des affaires sociales ou du travail. La tendance est de faire venir des joueurs de 15 ans, de leur faire signer un contrat légal en modifiant leur âge et d’en signer un autre avec l’agent auquel il sera lié pour dix ans. Ses droits seront le plus souvent bafoués ». Robert Beroud, responsable pédagogique du centre de formation de l’olympique lyonnais fulmine : « nous sommes en face de trafiquants qui essaient de nous vendre comme des marchandises des enfants de 13-14 ans, en toute impunité ». Jean-Claude Mbvoumin tempère : « les clubs ne peuvent pas tout mettre sur le dos des agents, ils contribuent au trafic en envoyant des émissaires en Afrique pour importer la perle rare au moindre coût». Les clubs de Lille et de Nantes n’ont pas souhaité répondre à nos questions sur le sujet. 

 

 Des avancées politiques  

 

 « En tant que président de la LICRA (NDLR : Ligue contre le racisme et l’antisémitisme) et parlementaire européen, je me devais de collaborer à la présentation d’un texte contre ce trafic d’être humain » précise Patrick Gaubert. Grâce à ce soutien, CFS a été auditionnée par la commission européenne afin de légiférer et prévoir des sanctions pour les acteurs qui se rendraient complice de cette traite institutionnalisée. CFS a obtenu la reconnaissance de l’exploitation des enfants dans le Football à travers le rapport européen Belet de Mars 2007. Néanmoins, la directive FIFA (NDLR : Federation International Football Association) relative à la protection des mineurs et visant à contrôler les transferts de joueurs est encore largement contournée. Faute de faire appliquer sa directive, la FIFA participe à la prévention  en Afrique. Elle a lancé le programme « gagner en Afrique avec l’Afrique » et a investi 70 millions d’euros pour endiguer l’exode des jeunes footballeurs, en créant des ligues nationales structurées sur tout le continent. « C’est en Afrique que nous gagnerons le combat, tout le monde s’accorde sur ce point, mais il faut soigner le mal qui a déjà été fait » conclut Jean-Claude Mbvoumin.

 

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« Le Football a besoin de dénonciation pour que ça bouge ! » (03-2009)

Interview : Jean – Claude Mbvoumin, président de l’association Culture Foot Solidaire, ex international de Football camerounais

 

–          Quelles ont été les faits marquants de la conférence du jeune joueur africain qui a eu lieu au Cameroun fin 2008 ?

Cette conférence a confirmé l’existence de la traite des jeunes joueurs africains et a contribué à mettre la pression sur les instances pour mettre en place des moyens politiques et policiers contre ce problème. Nous avons aussi établi les grands principes de la protection des mineurs en préconisant que les académies de Football qui se créent en Afrique soient enregistrées dans les fédérations nationales. Cela permettra une meilleure traçabilité des enfants, de contrôler ces académies et de faire pression pour que des mesures soient prises en cas de non respect du droit des jeunes. De plus, puisque l’article 19 du règlement de la FIFA relatif au transfert et au statut des joueurs est contourné, nous avons demandé la création d’une sous commission FIFA pour gérer les transferts de joueurs au cas par cas.

 

–          De quels moyens disposez- vous en 2009 ?

Nous sommes 7 bénévoles, hébergés chez un sympathisant, Porte de Bagnolet à Paris. Nous travaillons avec les services sociaux liés à l’accueil et au soutien des jeunes comme l’aide à l’enfance ou les juges pour enfant. Nous multiplions aussi les partenariats comme celui avec « France terre d’asile ». Ce bénévolat montre néanmoins ses limites. La FIFA a donné des moyens, il faut rendre hommage à Sepp Blatter, son président, mais on attend plus.

 

–          Quelles sont les grandes échéances de 2009 pour CFS ?

La priorité est donnée au Suivi des enfants. On recense de plus en plus de clubs avec des gamins sans papiers. Est-ce que les instances mettent des règlements en place pour protéger les enfants ? La réponse est non. Le jeu des instances, de la FIFA, des clubs, est encore trouble. L’objectif de l’association est de remonter l’information aux instances pour les pousser à réprimer ce trafic. Nous allons continuer à développer la Maison du Jeune Footballeur au Cameroun. C’est un bureau d’information pour les familles sur les modalités de séjour en Europe, sur les lois européennes en matière d’immigration, sur comment fonctionne le football.

 

–          En Afrique, comment s’établit la frontière entre une académie bénéfique pour les jeunes et une académie douteuse ?

Si c’est la fédération qui contrôle l’académie, il y a une traçabilité obligatoire des élèves. Après, n’importe qui peut monter son académie privée, beaucoup d’anciens professionnels l’ont fait et exportent des jeunes joueurs sans contrôle. Le Football est devenu une zone de non droit. On continue à exploiter les enfants africains comme on exploitait l’or au Far West, c’est une véritable traite. Ceux qui construisent ces académies pirates doivent être contraints de construire des écoles et donner un diplôme à ces enfants qui seront seulement 5% à vivre du Football. On prend le prétexte du Football pour dire qu’on leur enseigne quelque chose, soi-disant pour aider l’Afrique, c’est Hypocrite puisque qu’on la pille encore.

 

– Ou en est-on du fonds de solidarité visant à financer les programmes de préventions dans les pays les plus touchés ?

Nous avons imaginé un prélèvement, une sorte d’impôt sur tous les transferts de joueur étranger. Ce fond servirait à informer les jeunes joueurs, en Afrique, en Amérique du Sud, ou dans les pays de l’Est. C’est aux instances d’instituer cette ponction financière.

 

–          A – t – on l’exemple d’un agent condamné qui pourrait faire jurisprudence ?

Pour l’instant non. Les agents ne sont pas les seuls responsables : 60%  des cas sont le fait des clubs qui franchissent la ligne jaune en faisant jouer des jeunes sans papiers. Cerner le rôle de chaque acteur est primordiale. Notre mouvement va d’ailleurs s’orienter vers une phase active. Nous avons consulté notre avocat Maître Brun à Marseille afin de voir comment s’y prendre au pénal puisque notre logique de sensibilisation a atteint ses limites. Le consensus est inopérant. Le milieu du Football a besoin de rapport de force, de dénonciation dans la presse pour que les choses bougent ! Pour notre association c’est la fin d’un cycle confidentiel de soutien. CFS va mener des actions plus visibles à l’image de Reporter Sans Frontière.

 

Propos recueillis par PAB

 

La restauration paie l’addition de la crise financière (12-2008)

décembre 29, 2008

La crise n’épargne pas la restauration. Quand la bourse se replie, les clients n’hésitent pas à sacrifier pause déjeuner et plats superflus. En France, le secteur accuse un recul de 30% de fréquentation depuis le début de l’année selon le CREDOC. Les restaurateurs sont dans l’obligation de réagir. C’est le cas de « Monsieur Raymond », aveyronnais, patron de la Brasserie Traditionnelle de la gare de l’Est depuis bientôt 20 ans. 

«Je n’avais jamais vu ça en 40 ans de métier malgré les crises, notamment celle de la guerre du golfe… » se désole M. Raymond. Les  restaurants ont perdu en moyenne, un  client sur trois depuis le début 2008. Selon le cabinet de conseil GIRA, la perte de chiffre d’affaires serait de 8 à 15%. La restauration de luxe, comme les deux ou trois étoiles Michelin, semble moins touchée pour le moment, tandis que les restaurants classiques souffrent dramatiquement. Les dépôts de bilan risquent d’augmenter de 25% et 3300 tables ont déjà cessé le service au premier semestre.

Après la loi anti-tabac, les budgets restreints

M. Raymond n’en est pas là, la Brasserie conserve une position à part dans le paysage de la restauration française. Moins que la perte de clientèle, c’est plutôt les budgets qui ont fait chuter son chiffre d’affaires de plus de 25% et la fréquentation de 12%. « Les clients sont là, mais ils dépensent moins, le ticket moyen est passé de 28 à 22 euros en quelques mois » peste-t-il. Quant aux serveurs, leurs pourboires ont diminué de 50%, ce qui rend le management de M. Raymond plus complexe avec ses employés, habitués à ce complément.

« Comme si la loi anti-tabac n’avait pas suffit…J’avais déjà perdu 20% de ma clientèle, mais heureusement, les habitués reviennent et acceptent d’aller fumer dehors…J’ai plus de familles et de non-fumeurs…Mais ça ne compense pas la perte… ». Les cafetiers et les restaurateurs étaient loin d’avoir vus arriver le deuxième coup de grâce de la crise financière.

Du côté du restaurant, M. Raymond a remarqué rapidement les premiers symptômes du mal : commande de plat direct sans vin, partage de plats à l’entrée et au dessert, baisse drastique des notes de frais des professionnels. Ces voyageurs « business » déversés du train en gare de l’Est sont devenus un manque à gagner certains pour la Brasserie : « les cartes affaires sont plafonnées, ce n’était pas le cas dans le temps, certains se font parfois plaisir et paie une partie du repas de leur poche, mais c’est rare… ».

La Concurrence de la restauration rapide

Les restaurants se plaignent de la concurrence des chaînes de restauration rapides comme Mc Donald ou Quick. Le ticket moyen est de 8 euros par repas. Les français seraient-ils adeptes du « Junk Food » ? pas forcément. Une autre forme de restauration rapide se développe également. Elle est plus adaptée aux modes de vie actuelles, notamment celui des femmes, plus soucieuses du « manger bien » que du « manger bon ». Pour M. Raymond, sa Brasserie et la restauration rapide n’attirent pas la même clientèle. Il ne se sent pas en concurrence. « C’est plus une question de porte-monnaie…Je crois encore à la tradition de prendre son temps pour manger…De plus, ma cible n’est pas les femmes seules et les jeunes, plutôt les cadres et les couples amateurs de bistrots traditionnels, les travailleurs matinaux et les fidèles de plus de 50 ans… ».

Les recettes anti-crise

La restauration française serait-elle endormie sur ses lauriers d’antan ? elle doit réagir !
Certains restaurants du midi pensent à fermer le week-end pour ménager leur marge. M. Raymond gèrent 38 salariés qui opèrent en service continu. Les coûts fixes sur le poste « salarié » sont invariables car la brasserie ne pourrait se résoudre à fermer certains jours pour enrayer ses pertes de marges. Vu son positionnement, la brasserie ne peut pas se le permettre. «Je ne peux pas faire autrement que d’ouvrir 7 jours sur 7 et 24h sur 24, la gare est ma principale source de clientèle, même si celle-ci arrive au compte-goutte à certaines heures…Entre les voyageurs et les ouvriers, j’ai des clients jour et nuit, si un client trouve porte close, il ne reviendra plus, c’est la raison d’être d’un tel établissement…»

M. Raymond, comme ses confrères, a décidé de réagir en concoctant des recettes anti-crise. À Brasserie traditionnelle, méthodes traditionnelles. Certains de ses confrères ont refusé de baisser les prix, ce qui pour eux, détériorerait l’image de qualité de la nourriture. Ils ont préféré offrir les cafés ou une boisson, ou encore augmenter la quantité de nourriture. M. Raymond n’est pas d’accord «  le client ne veut pas manger plus, ce n’est plus dans l’air du temps…Je refuse d’offrir car chaque produit à une valeur, comme le travail…Les grandes brasseries, comme les restaurants haut de gamme, peuvent encore un peu jouer sur la marge et proposer des menus attirant…». M. Raymond a donc créé un menu du midi en semaine à 15,90 euros et diminuer le prix du plat du jour. D’autres restaurants, comme les chaînes de restauration rapide ont opté pour des services supplémentaires pour attirer les clients, comme la mise à disposition de journaux gratuits ou le WIFI. « Jamais de la vie s’indigne M. Raymond, que voulez-vous que je fasse avec des clients qui prennent un café et qui restent trois heures à une table….Ce n’est pas une solution, au contraire…».

Quid de l’allègement de la TVA de 19,6 à 5,5 % ? « Une chimère » tempère M. Raymond. « Cette TVA à 5,5%, ça fait deux gouvernements qu’on nous la promet… Je ne compte pas là-dessus pour améliorer mes marges mais sait-on jamais, pourquoi n’aurions-nous pas droit à notre coup de pouce, comme dans l’automobile et la banque? »

La Restauration classique va devoir rivaliser d’ingéniosité pour faire revenir ses clients. Les modes de consommation ont changé. M. Raymond reste confiant : « comme la restauration de luxe, je suis sûr que la Brasserie traditionnelle à la française survivra à cette crise, plus que les restaurants classiques sans distinctions particulières…Nos bases, spécialement près des gares majeures, sont solides…Le trafic de voyageurs augmente régulièrement, la loi anti-tabac rentre dans les mœurs et la crise finira bien par se résorber… Celle-ci est rude, mais ça fait 40 ans que ça dure pour moi, j’en ai traversé d’autre, je passerai celle-là…». Reste à savoir si le reste du secteur restera aussi optimiste que M. Raymond.

Obama, Sarkozy, Présidents Symboliques…(11-2008)

novembre 5, 2008

Nicolas Sarkozy et Barack Obama ont plusieurs points communs : dans le déroulement de la campagne qui les a mené à la présidence, mais surtout dans les raisons qui les ont portées au sommet de l’échiquier politique. Obama et Sarkozy, élus « président super-star », suscitent une attente de changement inégalée depuis la création des deux démocraties. Le premier pourrait se heurter rapidement aux mêmes réalités que le second.

Des challengers expiatoires

Comme Ségolène Royal, John Mc Cain n’a pas mis tous les atouts ni tous les soutiens potentiels de son côté. Les deux perdants ont eu tendance à faire de leur campagne un chemin tortueux. Le fil rouge s’est peu à peu déconnecté du peuple et des principaux dirigeants de leur parti qui les ont soutenu avec tièdeur pour Mc Cain et dans un climat d’incompréhension pour Royal. Si Royal a entretenu un léger doute au sein d’un parti en décomposition et sans programme concret, Mc Cain n’a jamais revêtu la peau d’un gagneur comme l’Amérique les aime. Handicapé par l’héritage « Bushiste » et appréhendé comme un héros reconnu mais usé d’une campagne militaire hasardeuse, Il est devenu, sans le mériter, la victime expiatoire des années Bush.

Comme si ça ne suffisait pas, Mc Cain a accumulé les mauvais choix dans sa campagne. Il a d’abord décidé de l’interrompre pour participer à temps plein à l’examen de la crise financière émergente. John McCain sans jamais rien proposé de concret ni d’audible pour la sortie de crise, s’est perdu en conjecture et a définitivement rendu confus son message et son programme. D’un pari pouvant s’avérer payant, le choix de sa co-listière s’est également révélé un échec. Sarah Palin, pro NRA et mi-femme mi-homme, est rapidement devenue embarrasante. Par sa personnalité tranchée et carricaturale, elle est devenue l’aubaine des moqueries médiatiques.

L’Amérique de demain ne s’est pas vraiment reconnue dans ce ticket aux traits grossiers, icône trop voyante du conservatisme de l’Amérique profonde . Lors de meeting avec ses militants, McCain a laissé percevoir un certain renoncement . A se demander si McCain lui même, habituel défenseur de motion bi-partisane au sénat, croyait encore à la politique républicaine et à son programme. Résigné très tôt, il a même fait preuve d’un Fair-Play trop immédiat envers Obama au soir de sa victoire, ce qui en dit long sur l’attente de ce moment libérateur pour lui.

Obama, comme Sarkozy, grands orateurs médiatiques, ont été élus car porteur du changement. Obama n’a pas dévoilé de programme clair sur ses intentions post-électorale. Ses carrences en politique étrangère et en économie ont été occultées par son aura , sa symbolique vis à vis du peuple noir et la rupture qu’il incarne forcément par rapport à Bush.

Sarkozy comme Royal, Obama comme McCain, n’auraient pas pu, de toute façon, avoir des politiques très éloignées face aux réalités des deux pays. Même si c’est souvent le cas, plus que jamais, l’incarnation, l’image et l’éloquence ont fait la différence et rendu les programmes invisibles.

Une logique historique

 Martin Luther King n’est pas mort pour rien se disent les Afro-américains. Au delà du changement politique, Obama incarne un peu malgré lui,  qui se veut président de tous les américains, le futur d’une nation multi-raciale décomplexée. Au moins montre-t-il l’exemple de l’accession sociale en étant le premier métis hors d’Afrique à être élu à la fonction suprême . Son élection va peut-être permettre de tourner la page de la domination blanche et de l’exploitation des Noirs dont les effets ont perdurés pendant tout le siècle dernier. Obama donne au monde une occasion de soulager sa conscience et de dédouaner une Amérique réputée raciste.

La France, à bout de souffle et sclérosée, voyant son statut de superpuissance en déclin et sa fracture sociale s’aggrandir, nécessitait des réformes profondes de son système de valeurs. Sarkozy dans son costume de sauveur, agrémentant un programme relativement clair d’une mise en garde sécuritaire,  suscitait alors une attente sans précédent chez les français. Obama a les épaules encore plus lourdes. En plus de porter l’espoir des toutes les minorités du monde, Obama va devoir faire face à une situation économique calamiteuse et restaurer une crédibilité en politique étrangère, ce qui n’est pas son point fort. Les attentes suscitées par son élection vont rendre d’autant plus importantes ses premières décisions. Elles seront autant de fondement d’un chateau de carte médiatique qu’il faudra consolider définitivement avec le temps pour redorer le blason d’une Amérique à la dérive. La marge de manoeuvre est faible.

Une course contre la montre

Si Sarkozy a eu le temps de continuer dans la démagogie sur sa lancée de campagne au début de son mandat, Obama ne surfera pas longtemps sur son aura pré-électorale. Obama, qui a déjà esquissé la composition de son gouvernement, devra agir vite et bien. En politique intérieure, le colosse au pied d’argile est surendetté et l’empire du dollar touche à sa fin. Les Etats-Unis peuvent néanmoins compter sur leur grande capacité d’Innovation que devra soutenir Obama.

A l’international, deux conflits et deux sources de tension latentes attendent le nouveau président. Tout d’abord en Irak, en dépit de la restauration d’une certaine paix fictive, l’opinion continu de vouloir faire rentrer les Marines au pays afin d’éviter un nouveau Viet-Nam. En Afghanistan, face aux talibans réorganisés, il sera difficile de retirer durablement les troupes américaines, à moins que la diplomatie ne coupe les liens entre les talibans et Al Qaida pour isoler le mouvement de Ben Laden. Reste les questions du nucléaire iranien et du morcellement d’un Pakistan devenu skizophrène et déchiré entre les rebelles tribaux fanatiques et le gouverment pro-américain. Quant à Israël, elle observe d’un oeil inquiet la volonté d’Obama d’ouvrir des discussions avec l’Iran.

Obama, libéral et donc de gauche au sens américain du terme, devra permetttre à l’état de reprendre la main sur l’économie. Il devra savoir s’entourer de cerveaux neufs sans faire de révolution. Il a pourtant des vélléités, comme Sarkozy, d’intégrer des secrétaires d’état du parti opposé dans son gouvernement. En pleine crise financière, Paulson, actuel secrétaire du trésor, ex financier de Goldman Sachs, pourrait être reconduit, Bob Gates à la défense, également. Obama devra soutenir un dollar qui pourrait souffrir d’un nouveau Bretton woods et d’une redistribution des forces monétaires lors du G20 de Novembre.

Héritier d’un champ de ruine à l’international la tâche d’Obama sera forcément ingrate. La politique intérieure est anxiogène, dans un contexte de crise financière et de déclin du positionnement économique américain, voire de dépendance au profit de la Chine, de l’Inde et même de la Russie.

Obama est déjà sous-pression. S’il sait s’entourer, s’ouvrir au monde arabe, juguler la crise financière et relancer l’économie américaine, il contribuera à maintenir l’équilibre entre orient et occident, sinon la carte géopolitique sera à jamais redéssinée. C’est en cela qu’Obama sera aussi un président « symbolique » du redressement ou de la chute de l’empire américain de ces 2 derniers siècles.

Le Berry, Bourges et la Chine (2003) par les « berrysiens »

octobre 27, 2008

L’année de la Chine en France se déroulera d’octobre 2003 à juillet 2004. Elle constitue le premier volet des années croisées France-Chine, issues d’une décision conjointe des deux chefs d’état visant à renforcer le coopération franco-chinoise. Elle sera suivie d’octobre 2004 à juillet 2005 par une année de la France en Chine. Ce projet d’échanges culturels au sens large (sont aussi concernés le sport, les sciences et l’éducation, l’art de vivre) représente un événement majeur dans l’histoire des relations entre les deux pays. De nombreuses manifestations sont prévues dans toute la France comme le défilé du nouvel an chinois sur les champs élysées et l’illumation en rouge de la tour eiffel le 24 janvier 2004. Cirques, danses, photographies, expositions, films…autant d’échanges et d’élans culturels dont notre Berry natal ne saurait être complètement exclu, et pourtant !

 

La région centre se mettra surtout au rythme du dragon chinois grâce aux villes de Tours, de Blois, d’Orléans et de Montargis…mais qu’en est il pour l’ancienne ville des rois de France ? Seule une conférence sur le thème de la créativité artistique chinoise dans les domaines de l’architecture, le paysage et la ville sera organisée par notre toujours dynamique et réputée Ecoles des Beaux Arts de Bourges. L’architecte-urbaniste, Philippe Jonathan nous parlera de son expérience artistique au travers des villes chinoises d’aujourd’hui et d’hier et de ses projets architecturaux en extrême orient. Ce sera malheureusement tout pour Bourges…

 

Une reflexion s’imposait donc à notre association : Il serait temps que notre chef lieu berrichon aille chercher son second souffle économique, culturel et éducatif encore plus loin. Des efforts ont été faits dans ce domaine pour se rapprocher de nos voisins européens. Bourges est en effet jumelé avec Augsburg en allemagne, Aveiro au Portugal, Forli en Italie, Koskalin en pologne, Palencia en Espagne et Petersborough en Angleterre. Cependant, la mondialisation galopante et les « trains économiques et culturels » grande vitesse ne doivent pas laisser notre région dans la queue de peloton des villes de France les moins internationalisées. Il en va du dynamisme de notre région pour les générations à venir et de leur préparation à entrer dans une société inexorablement mondialisée .

 

Notre association se propose donc d’être l’appui majeur de notre responsable des jumelages de la mairie, pour offrir à Bourges un jumelage avec une ville chinoise, digne de notre richesse patrimoniale . A l’instar de Vierzon, déjà jumelée avec Dongxihu (province de Wuan, Chine), cette ouverture pour Bourges vers l’extrême orient apporterait  de nouveaux débouchés pour nos PME, de nouveaux échanges scolaires et universitaires, et surtout un accès à une culture au moins aussi riche que la notre. Nous ne pouvons pas ignorer l’explosion phénoménale de ce pays symbole de ce début de 21ème siècle. Que l’année 2004, celle du singe, fasse que notre Berry fraternise avec la Chine éternelle, traditionnelle, créatrice et moderne. Ceci afin que le Berry tout entier profite du dynamisme contagieux de ce pays et que nous partagions avec nos amis chinois, notre passé et surtout notre futur.